Les risques de l’alcool pendant la grossesse : ce que vous devez savoir.
Publié par Lauren le
Les risques de l'alcool pendant le grossesse : ce que vous devez savoir.

Il est difficile d’établir avec précision le nombre de femmes consommant de l’alcool pendant leur grossesse à partir de données déclaratives. Les raisons ? L’oubli, le déni ou l’omission volontaire pour se conformer à ce qui est socialement plus acceptable en réponse à l’enquêteur.
Selon la cohorte Elfe (étude longitudinale française depuis l’enfance) de 2011, 21,2% des femmes déclaraient avoir bu de l’alcool au cours de leur grossesse. En 2017, selon le baromètre Santé Publique France, ce chiffre descendait à 12%, puis à 3% en 2020. Une baisse significative de la consommation d’alcool pendant la grossesse est observée depuis 10 ans. Cependant, il reste crucial de continuer à communiquer et à sensibiliser sur ce sujet, tant il est important pour la santé des futurs enfants à naître.
L’alcool passe aisément du sang maternel au sang du fœtus à travers le placenta. Or, il est toxique pour le fœtus et nuit à son développement. En effet, la consommation d’alcool pendant la grossesse présente des risques graves pour le développement du bébé sur les plans physique, cognitif et comportemental. Il s’agit de la première cause évitable de retard mental d’origine non génétique, ainsi que d’inadaptation sociale de l’enfant.
À ce jour, les scientifiques ne peuvent pas affirmer avec certitude s’il existe un seuil de consommation sans risque pour le bébé. Par principe de précaution, le message promu par Santé Publique France est clair : « zéro alcool pendant la grossesse ».
Les risques de consommation d’alcool pendant la grossesse.
L’alcool consommé par la mère passe la barrière placentaire. La quantité d’alcool dans le sang maternel est donc la même dans le sang fœtal. Cependant, le fœtus est moins bien équipé pour dégrader et éliminer l’alcool de son organisme. Autrement dit, pour une dose d’alcool consommée, l’alcoolémie du fœtus peut être supérieure à celle de la mère et durer plus longtemps. En effet, l’alcool est défini comme tératogène et neurotoxique pour le développement fœtal. Plus le fœtus est exposé à l’alcool pendant la grossesse, plus les signes d’alcoolisation fœtale seront marqués.
Parmi ces signes, le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) constitue l’atteinte la plus grave. Il se caractérise par :
- Un retard de croissance pré et postnatal.
- Des anomalies faciales typiques.
- Des atteintes cérébrales à l’origine d’un retard intellectuel.
Cependant, le diagnostic des personnes présentant un trouble de l’alcoolisation fœtale reste difficile à établir. Dans 9 cas sur 10, les conséquences ne sont pas visibles physiquement. En effet, l’enfant ne présente pas nécessairement de malformations visibles, mais son cerveau peut être affecté. Cela peut se manifester par :
- Un retard des acquisitions du langage, de l’écriture, de la motricité fine.
- Des troubles du comportement.
- Des difficultés sur le plan social.
Ces troubles sont souvent repérés tardivement, à l’entrée au primaire, vers l’âge de 5-6 ans. En l’absence de soins adaptés, la vie de l’enfant et de sa famille peut être difficile.
Des études sont en cours pour identifier des marqueurs spécifiques d’une alcoolisation fœtale sur divers organes (rétine, placenta) qui permettraient un dépistage précoce. Les effets de l’exposition du fœtus à l’alcool persistent toute la vie. Néanmoins, un dépistage précoce permettrait de modérer les manifestations de cette alcoolisation fœtale grâce à un suivi adapté. À cet âge, le cerveau est encore très plastique et pourrait récupérer une partie des fonctions lésées.
Au-delà des effets précédemment cités, la consommation d’alcool pendant la grossesse peut entraîner :
- Une fausse couche.
- Une naissance prématurée.
- Le décès du bébé in-utero.
Comprendre les risques associés à la consommation d’alcool pendant la grossesse est crucial, mais il est tout aussi important de démystifier certaines idées reçues qui persistent à ce sujet.
Mythes courants et réalités
FAUX. À ce jour, les études scientifiques ne permettent pas d’identifier des quantités d’alcool sans risque pour le fœtus.
Le message est clair : « Zéro alcool pendant la grossesse ».
FAUX. L’alcool présente un risque pour le développement du fœtus, particulièrement sur son cerveau, et ce, tout au long de la grossesse, du premier au troisième trimestre. Les conséquences de la consommation d’alcool sur le fœtus sont influencées par différents facteurs comme :
- Le stade de la grossesse
- La quantité d’alcool consommée
- La génétique de la mère
- L’état de santé et nutritionnel de la mère
- Le bagage génétique de la mère et de l’enfant
Il est donc préférable de s’abstenir de boire de l’alcool dès que le projet de grossesse est envisagé.
Vous avez bu sans savoir que vous étiez enceinte ? Parlez-en au professionnel de santé qui suit votre grossesse. Il saura vous conseiller selon votre cas.
FAUX. Tous les types d’alcool peuvent avoir des effets néfastes sur le fœtus, que ce soit le vin, la bière, les spiritueux ou les liquoreux (xérès, porto).
1 unité d’alcool = 10 g d’alcool. 1 verre de vin (10 cl) = 1 bière (25 cl) = 1 alcool fort (3 cl).
On parle de consommation élevée à partir de 6 unités d’alcool par jour (ou 1 à 2 épisodes de binge drinking par semaine). Le syndrome d’alcoolisation fœtale peut être observé dès une consommation de 3 verres d’alcool quotidiens.
Maintenant que nous avons démystifié certaines idées reçues, il est important de discuter des alternatives saines à l’alcool pour les futures mamans et de souligner l’importance du soutien disponible.
Alternatives à l'alcool pendant la grossesse
La grossesse dure 9 mois, mais les conséquences d’une alcoolisation fœtale sur l’enfant à naître peuvent durer toute une vie. Ne vaut-il pas la peine de faire l’effort de dire STOP à l’alcool pendant cette période ?
Profitez de votre grossesse pour découvrir des boissons ou cocktails non alcoolisés.
Testez :
- La version « virgin » de vos cocktails favoris.
- Les eaux plates ou gazeuses infusées avec des fruits, légumes ou herbes fraîches. J’en partage régulièrement sur mon compte Instagram, n’hésitez pas à vous abonner : @cabinetdiet_laurendenoual.
- De nouvelles recettes ou boissons que vous trouverez sur des sites internet spécialisés tels que :
- Alternalcool : propose des recettes de mocktails adaptés.
- Boissana : site de vente en ligne de boissons sans alcool avec une sélection unique adaptée aux femmes enceintes et allaitantes.
Sollicitez le soutien de vos proches
On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant, mais il en faut aussi un pour soutenir la maman avant, pendant et après la grossesse.
Une femme enceinte qui ne boit pas, c’est aussi une femme à qui on n’aura pas proposé d’alcool. C’est également une femme qu’on ne laissera pas trinquer seule au sans alcool.
Si vous êtes enceinte et que vous recevez :
- Réfléchissez avec autant de soin à l’offre de boissons sans alcool que vous proposerez à vos invités qu’à celles alcoolisées.
- Organisez votre timing de telle sorte que l’apéritif ne s’attarde pas trop pour ne pas être tentée de succomber à un verre d’alcool.
- Éloignez-vous des « gros consommateurs » qui ne sauraient vous soutenir dans vos efforts du sans alcool.
Si vous êtes enceinte et que vous êtes invitée :
- Ne craignez pas d’apporter votre propre boisson, quitte à en prendre plus pour la partager avec vos amis.
Si vous êtes le ou la partenaire de cette femme enceinte, un(e) ami(e), un membre de la famille ou tout autre proche :
- Prévoyez toujours des boissons sans alcool quand vous invitez.
- Faites preuve de solidarité le temps d’une soirée (ou plus), ne la laissez pas seule trinquer au sans alcool.
- N’insistez pas si elle décline le verre que vous lui offrez.
Ressources et soutien pour les femmes enceintes
Dans certains cas, boire ou non de l’alcool dépasse la question du désir, et cesser d’en consommer peut s’avérer plus difficile qu’attendu. Des ressources professionnelles et sans jugement existent, n’ayez ni honte ni crainte de les solliciter, même si le « problème » semble petit…
Des professionnels du soin pour vous aider.
- Votre professionnel de santé : médecin généraliste, sage-femme, gynécologue, infirmière, diététicien(ne).
- Le service de PMI (protection maternelle et infantile) de votre région.
- Les établissements de santé publics et privés : maternité, urgences, centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).
Un dispositif d’aide à distance mis en place par Santé Publique France.
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Un guide pratique pour faire le point sur sa consommation d’alcool.
Griselidis : Guide pratique pour faire le point sur sa consommation d’alcool, à faire en équipe avec son ou sa partenaire par exemple.
Conclusion
La consommation d’alcool pendant la grossesse est un sujet crucial pour la santé des futurs enfants. Bien que la sensibilisation ait permis une diminution notable de la consommation d’alcool chez les femmes enceintes ces dernières années, il reste essentiel de continuer à informer et à soutenir les futures mamans dans leur démarche de prévention.
Les risques de l’alcoolisation fœtale sont bien réels et peuvent avoir des conséquences graves et durables sur le développement de l’enfant. Cependant, des alternatives saines existent pour remplacer l’alcool, et il est possible de profiter pleinement de cette période unique qu’est la grossesse sans compromettre la santé de son bébé.
S’entourer de proches compréhensifs et solidaires, découvrir de nouvelles boissons non alcoolisées et solliciter l’aide de professionnels de santé sont des étapes clés pour réussir à dire non à l’alcool pendant la grossesse.
Si vous ou une personne de votre entourage avez des difficultés à cesser la consommation d’alcool, n’hésitez pas à contacter les ressources et les services spécialisés qui sont là pour vous aider de manière bienveillante et sans jugement.
En tant que diététicienne nutritionniste spécialisée en périnatalité, je suis également à votre disposition pour vous accompagner dans cette démarche. Ensemble, nous pouvons élaborer un plan alimentaire adapté, découvrir des alternatives savoureuses et assurer une alimentation équilibrée tout au long de votre grossesse.
La santé de votre enfant est primordiale, et chaque petit effort compte pour lui offrir le meilleur départ dans la vie. Ensemble, faisons en sorte que chaque grossesse soit une expérience sereine et sans alcool.
Pour toute question ou pour prendre rendez-vous, n’hésitez pas à me contacter.
Références :
- alcool-info-service.fr
- https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2019/zero-alcool-pendant-la-grossesse-l-entourage-peut-y-aider#
- https://grossessesansalcool.ca/
- Quatremère G, Andler R, Gorza M, Beck F, Nguyen-Thanh V. Grossesse et alcool : évolution des connaissances et perceptions des Français entre 2004 et 2020. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(17):320-8.
- alcool et grossesse, parlons en. Guide à usage des professionnels. Ministère du travail, de l’emploi et de la santé. Juin 2011.
- Alcoolisation foetale : un impact sur la rétine qui pourrait faciliter la diagnostic précoce. Article INSERM – 06-2023.
- Alcoolisation foetale : un organe inattendu entre en scène. Article INSERM – 02-2019.
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